Notes et bibliographie

Note 1: Il faudrait aussi envisager - ce qui n’a, ce me semble, guère été fait lors du colloque - les rapports étroits que l’ellipse entretient avec une autre figure: la métonymie; car comment expliquer une métonymie du type “un bon Bordeaux” sinon par l’ellipse du complément de nom ("un bon vin de Bordeaux”) ?

Note 2: “Il est indispensable de les (=“les suppléments analytiques de l’ellipse”) reconnaître et de les assigner quand on veut étudier l’esprit d’une langue” (Beauzée II, 447).

Note 3:“Locus a simili in grammatica sine authoritate est penitus inutilis”, (Chevalier 87).

Note 4: Notons que Sanctius verra ici une ellipse supplémentaire puisqu’il expliquera ce génitif par l’ellipse, avant le génitif, de la locution ex numero (au nombre des, parmi les; Minerva, 281)

Note 5: Ramus s’inspire sans doute ici d’un passage où Quintilien (VIII, 6,21) présente l’ellipse (qu’il nomme synecdoque):”C’est encore selon quelques uns une synecdoque lorsque le contexte supplée à ce que nous omettons: un mot en effet en fait comprendre un autre”, et cite un vers de Virgile (En. XI, 142) où il faut sous-entendre coeperunt après un infinitif: “Arcades ad portas ruere.”

Note 6: “Est enim Eclipsis dictionis ad legitimam constructionem necessariae in sensu defectus: sed quae cum foris sit petenda, vel consuetudine authorum subaudiri solet, vel quia ex caeteris verbis est certa. Qua maxime ratione Quint<ilianus> (VIII, 6,21) (ut mihi videtur), Synecdochem appellat, cum alioqui (Inst. Or., I, 5,38-40) Eclipsin pro vitio habeat. Sed cum sit alias synecdoche maiore sui parte tropus, nobis hanc eius partem cum grammaticis Eclipsin, si non tam apposita, at certe recepta iam voce potius appellare liceat, quam figuram simul et tropum (qui ad grammaticum omnino non spectat) uno confundere. Est ergo Eclipsis omnium orationis partium communis...” (292-3).

Note 7: Linacre: “Est enim eclipsis dictionis ad legitimam constructionem necessariae in sensu defectus” (v. le contexte à la note préc.); Sanctius: “Ellipsis est defectus dictionis vel dictionum ad legitimam constructionem” (f.164 v° éd. 1587).

Note 8: “Figura est... elocutio qua oratio a vulgari consuetudine mutatur” (Clérico 15); or on pouvait lire quelques années plus tôt sous la plume d’O. Talon, le “frère” de Ramus: “figura: elocutio qua oratio a vulgari consuetudine mutatur, non quod vulgus numquam his rhetoricis ornamentis citatur, sed quod ista orationis lumina in hominum imperitorum populari sermone rarius eniteant.”

Note 9: “Secantur igitur quae in defectu consistunt in duplex genus. Alibi enim foris petendum est, quod desit, ut in Eclipsi et Aposiopesi. Alibi ex proximo mutuandum, ut in reliquis. “ (Linacre 292).

Note 10: A la page 330, il rappelle en effet ses engagements de la p. 292: “Restat huius generis altera pars, in qua nimirum quod sermonis integritati deest, aliunde quoque petendum sit. ” Notons que dans l’épitomé en anglais qu’il donnera du De Emendata structura, Linacre consacrera trois bonnes pages à recenser les différents cas d’ellipse (Buchanan 50-2), mais ne résumera pas son chapitre sur l’aposiopèse, désormais laissée de côté.

Note 11: La Rhétorique à Hérennius (IV, 41) avait déjà souligné les vertus psychologiques de la reticentia, exploitées par un Démosthène: “Hic atrocior tacita suspicio quam diserta explanatio facta est.”

Note 12: Voir le texte cité supra, note 6.

Note 13: “Nobis Aposiopeseos appellatione latius uti cum Grammaticis, Quintiliani pace libuit”(331). Déclaration à rapprocher de celle faite à propos de l’acception du terme d’ellipse, citée supra, note 6.

Note 14: Sanctius, De nonnullis Porphyrii aliorumque in Dialectica erroribus Scholae dialecticae (1588), cité par Clérico, 1982, 13.

Note 15: Ce chapitre 27 du livre III est une réécriture à peine dissimulée par Soarez des passages de Quintilien commentés supra.

Note 16: Notons que cette indécision aura la vie dure. On voit encore au XVIIIe s. le Jésuite D. de Colonia, présenter la reticentia parmi les figures de pensée (I, 1 § 7, 90), puis l’aborder une nouvelle fois lorsqu’il traite des figures de mots par suppression (I, 5 §2, 121).

Note 17: V. l’Orator, 135 (mais il semble plutôt s’agir de la paralipse, v. éd. A. Yon, Paris, Les Belles Lettres, 1964, p. XCII) & 138 (qui passe en revue les figures de pensées et mentionne la reticentia, v. ibid., p. CV).

Note 18: Voir supra, note 6.

Note 19: De même au livre IV (198B’), il désignera par le terme aposiopesis (en soulignant que ce n’est pas une ellipse) le fait que Virgile ne dit pas dans l’Eneïde (IV, 664) comment Didon se tue.

Note 20: “Postremo est illa species, quam paralêpsin Graeci, nos Omissionem appellamus: Cum res omittitur, quae adeo necessaria est , ut etiam non relata, intelligatur. Neque enim Aeneas reficit naves nisi in Africa post naufragium: & in Sicilia post incendium.” (136 C’).

Note 21: Là encore empruntée à la Rhétorique à Hérennius, IV, 41 (pour la praecisio) & 67 (pour l’abscisio).

Note 22: On peut faire le même constat grâce à l’inventaire d’une douzaine de traités anglais opéré par Taylor: eclipsis est universellement employé (Taylor 23), alors qu’ellipsis n’apparaît pas sous la plume des rhétoriciens anglais, à la différence d’aposiopesis (Taylor 11) ou de reticentia (Taylor 52).

Note 23: Il avait écrit un Originum liber en 120 livres, aujourd’hui perdu; son De Causis accorde aussi une grande part à l’étymologie dans l’analyse du langage.

Note 24: Même dans des traités qui ne sont pas centrés autour des figures. Prenons l’exemple du manuel de J. Ringelberg (presque exclusivement consacré à l’invention et à la disposition, il accorde une large place aux états de cause): sa dernière page traite très succinctement “De affectibus”, et mentionne évidemment quelques figures; parmi elles, l’aposiopèse n’est pas oubliée, assortie de l’éternel exemple virgilien: “Aporhèsis, vel dubitatio... ekphônèsis aut exclamatio.. aposiopêsis, vel reticentia. Quos ego/ sed motos praestat componere fluctus. Permissio... Epizeuxis...” (Ringelberg 32).

Note 25: On constate la même incapacité à exploiter les analyses du Pseudo-Hermogène (que Scaliger utilise fort pourtant, dans sa Poétique); le théoricien grec avait en effet tenté de séparer la figure de grammaire de la figure de pensée; pour lui, il y a aposiopèse à partir du moment où “l’on veut mettre dans la pensée des auditeurs une idée sous-entendue de la chose, qui va plus loin qu’on ne l’entend” (Patillon 313-4); mais ce qu’il y avait chez lui d’original était sa conception métadiscursive de la figure: il y a aposiopèse lorsque le locuteur commente son interruption dans l’énoncé lui-même, par exemple: “Pour ma part... Mais je ne veux rien dire de fâcheux au début de mon discours.” (Patillon 131).

Note 26: Outre la restriction ramiste de la rhétorique qui aboutit avec Port-Royal, à la “réduction du Trivium à un bivium” (Kuentz 146-7), on peut songer au grammairien Dumarsais (14), qui au seuil de son traité imputera à sa discipline l’étude des tropes, traditionnellement rattachée à la rhétorique: “ce traité me paroit être une partie essentielle de la grammaire, puisqu’il est du ressort de la grammaire de faire entendre la véritable signification des mots, et en quel sens ils sont employés dans le discours”.